• Certains castrats étaient les Michael Jackson d'autrefois

     

     

     

    Certains castrats étaient les Michael Jackson d'autrefois

     

     

    Certains castrats étaient les Michael Jackson d'autrefois

     

    « Certains castrats étaient les Michael Jackson d'autrefois »

     

    Patrick Barbier, historien et musicologue nantais, revient sur le pouvoir de fascination qu'exercaient ces chanteurs capables de composer vocalement l'inconciliable trilogie homme-femme-enfant.

     

    Auteur de l'indispensable (Histoire des castrats Grasset), ainsi que de deux autres ouvrages sur le sujet (Farinelli, le castrat des Lumières et Naples en fête), l'historien et musicologue nantais s'est penché pour Le Figaro sur la dimension psychologique et sociologique que revêt la figure de ces stars de l'opéra.

    LE FIGARO. - Pourquoi le castrat fascine-t-il au XVIIIe siècle?

    Patrick BARBIER. - Sur le plan intellectuel, il incarne une forme de surhomme. Un homme féminisé, qui a gardé sa voix d'avant la puberté. Le seul être capable de réunir l'inconciliable trilogie homme-femme-enfant. Sur le plan sociologique, les castrats représentaient aussi un modèle d'ascension sociale, la plupart d'entre eux étant issus des milieux les plus modestes.

    On parle d'évanouissements dans le public lorsque les castrats chantaient… N'est-ce pas exagéré?

    On associe souvent la pâmoison à une convention sociale. En réalité, si l'on s'évanouissait, c'est tout simplement parce que l'on avait littéralement le souffle coupé. Aujourd'hui, nos oreilles sont habituées aux sons extrêmes. Mais à l'époque, les extrêmes, notamment l'aigu, constituent encore à l'opéra un territoire à conquérir. On peut donc imaginer que ces passages incessants d'un extrême à l'autre devaient paraître pour certains irréels, à la limite du supportable.

     

    «Sur les milliers de castrats en activité au cours du XVIIIe siècle, une vingtaine atteignit une renommée comparable à celle de Farinelli et Caffarelli»

     

    Ne faut-il pas aussi parler de fascination morbide?

    On ne peut minimiser la barbarie de l'opération que subissaient les castrats avant la mue, et qui toucha des milliers d'enfants. Mais on relit aujourd'hui leur destin à la lumière de notre pensée contemporaine. Le castrat malheureux de son sort, sacrifié sur l'autel de la Beauté, est une idée reçue. Au début des Lumières, on fait peu cas des enfants. En dehors des aînés, la plupart sont considérés comme une charge et leur abandon est fréquent. Pour beaucoup, devenir castrat constitue une échappatoire.

    Y a-t-il d'autres idées reçues?

    La superdiva. Seuls quelques castrats sont les Michael Jackson d'autrefois. Sur les milliers de castrats en activité au cours du XVIIIe siècle, une vingtaine atteignit une renommée comparable à celle de Farinelli et Caffarelli et ils n'étaient guère plus capricieux que nos vedettes de cinéma. Les autres finissaient dans des rôles comiques ou des chœurs paroissiaux.

    Et leur sexualité?

    Là encore, l'homosexualité présupposée des castrats est une légende. La plupart étaient des hommes à femmes. Certains furent mariés à des protestantes, car le catholicisme interdisait le mariage des castrats. Caffarelli était quant à lui un fameux coureur de jupons. Pour une femme d'une certaine sophistication, avoir une histoire avec un castrat représentait le fantasme ultime: la garantie d'une aventure avec une vedette de la scène… Sans le risque de tomber enceinte!

     

    Sources : lefigaro.fr


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